AG. EXERCICE 2013 RAPPORT MORAL

(actualisé le ) par christian

ASSEMBLEE GENERALE EXERCICE 2013
RAPPORT MORAL}

Fédération Enfants-Soleil Internationale
Association Enfants-Soleil Bourgogne.
Association Enfants-Soleil Ile de France.(Fédération)
Association Enfants-Soleil Alpes Provence.
Enfants-Soleil Haïti

Rapport moral Année 2013 (Christian Breban Président)

Quelques partenaires ou parfois quelques bailleurs ont du mal à comprendre notre organisation. Très simplement : de petites associations comme les nôtres ont du mal à fonctionner seules. Quatre associations loi 1901, trois en France (Enfants-Soleil région Ile de France, Enfants-Soleil Bourgogne et Enfants-Soleil Alpes Provence) et une en Haïti, Enfants-Soleil Haïti (suivant les statuts haïtiens) fonctionnent ensemble. C’est l’association Enfants-Soleil d’origine, celle de la région Ile de France, qui joue le rôle de Fédération, sans que cela lui donne un rôle prépondérant. La fédération c’est l’ensemble. Les trois associations françaises sont autonomes, mais toutes les décisions sont prises en commun et les comptes sont présentés par chacune et en commun au niveau de la fédération (Comptes de résultats Synthèse). Pour plus de clarté, les rôles sont répartis : par exemple, c’est Enfants soleil Bourgogne qui gère tous les parrainages et tous les transferts de fonds vers Haïti. C’est la fédération qui prépare et monte les projets, Enfants-Soleil Alpes Provence choisit librement les projets auxquels elle veut participer ou apporte des aides suivant les nécessités qu’elle juge opportunes. Tout est discuté et décidé en commun.
Nous avons ainsi la possibilité de présenter des microprojets : ceux-ci ne sont proposés qu’aux associations ne dépassant pas 100 000 € de « chiffre » au total. C’est alors l’une des trois associations françaises qui le présente.
Cela simplifie un peu la tâche, car il est difficile de trouver des personnes qui s’impliquent journellement : en effet, c’est bien une tâche de chaque instant qui permet de faire vivre nos associations, de mener au mieux les projets, et de respecter nos valeurs : en particulier le bénévolat, depuis 16 ans déjà. L’aide des marraines et parrains, des membres, des donateurs est précieuse : sans eux, rien ne serait possible. Les bailleurs, institutionnels ou privés, jouent leur rôle ; même si nous les avons peu sollicités en cette année 2013, nous dirons pourquoi dans le rapport d’activités.

Les missions que nous nous sommes données impliquent une présence dans plusieurs secteurs, au service des plus pauvres :
¤ Les aides aux reconstructions.
Nous avons dit, dans notre rapport de l’année 2012, que les T.Shelters, (petites logements légers provisoires), construits dans l’urgence par les grands organismes, étaient nécessaires et justifiés dans l’urgence, vu l’ampleur du désastre et des souffrances de la population, mais ils se dégradent vite, et posent déjà des problèmes, puisque les intervenants, ayant épuisé leurs subventions, se désengagent et qu’il n’est pas prévu de suivi ou d’aide pour la réinsertion sociale des occupants, le plus souvent sans travail et totalement démunis. Les grands lotissements qui se construisent aux alentours de Port-au-Prince ne sont pas destinés aux plus pauvres, mais à une classe moyenne que l’on espère renaissante et qui pourra payer un loyer, modeste, cependant inaccessible aux plus pauvres. Pour cette majorité de déshérités, les logements à louer sont construits ou réhabilités par des propriétaires, sans confort, avec des toits de tôles, et sont loués pour des sommes modiques, avec l’exigence d’un paiement anticipé d’une année, ce que peu de familles démunies peuvent se permettre.
Pour un logement de deux petites pièces, il faut compter 600 à 800 € pour une année, ce qui dépasse souvent de loin les salaires ou revenus.(une couturière, dans une fabrique d’une zone franche, ne gagne environ que 60 à 80 € par mois).
De très nombreux camps sont toujours là, on les voit moins, ceux qui étaient les plus visibles ont disparu… mais combien de dizaines de milliers de familles vivent encore dans des logements précaires, dans des lieux insalubres ou dangereux, sans aucun élément de confort. Certains ont bénéficié d’une petite indemnité pour quitter les camps gênants dans les agglomérations, et beaucoup d’entre eux ont investi cette somme dans un petit terrain à Onaville, pensant pouvoir réaliser un jour une construction.
Dans le rapport d’activités nous ferons le point sur l’état de nos projets dans ce domaine, mais la tâche est tellement immense que les quelques dizaines de constructions réalisées ces dernières années semblent une goutte d’eau. Elles ont cependant permis à des familles de retrouver l’espoir et de recommencer une vie nouvelle. Le plus difficile est de retrouver du travail. La demande est telle que tous n’en ont pas et que les rémunérations sont extrêmement basses.

¤ L’Education.
Haïti est un pays qui souffre de nombreuses carences dans le domaine de l’éducation, mais de la nutrition aussi en général. Les deux domaines sont liés et devraient recevoir une réponse globale. Beaucoup d’enfants ne peuvent fréquenter une école digne de ce nom, et ne mangent pas à leur faim. Nous avons beaucoup de mal à financer les cantines, qui sont un secteur clé pour les élèves les plus pauvres, mais aussi pour le pays. Nous le voyons avec les familles de nos enfants parrainés, malgré les aides, beaucoup de familles encore, ne peuvent envoyer tous leurs enfants à l’école.
Le problème des enfants trop nombreux est grave, mais cela est inscrit dans les mœurs et le nombre d’enfants par famille diminuera au fur et à mesure que le niveau de vie augmentera. Cependant cela crée des situations dramatiques pour les femmes, souvent abandonnées avec de nombreux enfants.
La condition de femmes est l’une de nos préoccupations majeures.
La politique du pays ne donne plus, dans les faits, priorité aux cantines. Même si des avancées sont notables comme le transport gratuit des petits vers les écoles, même si 18 lycées tout neufs sont en construction dans tout le pays, il reste beaucoup à faire. Les enfants des quartiers pauvres des villes et des secteurs ruraux reculés fréquentent des écoles qui bien souvent ne leur permettent pas d’atteindre le niveau du secondaire. Les écoles publiques, les moins chères, sont handicapées par leur niveau, le manque de qualification des enseignants, les grèves à répétition pour cause de salaires non payés… Seuls les élèves des familles les plus aisées peuvent payer l’écolage des écoles privées de bonne qualité qui leur donnent une chance de poursuivre des études longues. Des restaurants populaires, à très bas prix, sont nés dans de nombreux quartiers des grandes villes. Ils sont nécessaires, et très appréciés de la population la plus démunie, mais les enfants sont oubliés, y compris par les aides internationales qui ont dramatiquement diminué dans ce domaine. Tandis que les richesses sont accaparées par une toute petite partie de la population, la misère s’étend pour le reste de la population.
Quel avenir pour un pays dont une si grande part de la population se bat pour trouver à se nourrir ? Il faut non seulement apporter aux enfants le minimum vital, mais un enseignement de qualité, ce qui est loin d’être facile, la qualité de l’enseignement dépendant directement des salaires qui peuvent être versés aux enseignants.
Nous continuerons notre effort au profit des écoles que nous aidons, mais sans pouvoir l’augmenter. L’aide aux écoles fait malheureusement partie d’une urgence permanente… ce concept est bien difficile à faire passer auprès des sponsors qui sont souvent enfermés dans des principes établis : l’urgence c’est pour eux la situation de famine. Ils n’ont évidemment pas tort. Mais comment faire admettre que, quand des enfants ne mangent pas à leur faim, depuis leur naissance, non seulement leur vie est en danger, mais toute leur existence est hypothéquée. On peut toujours faire des statistiques sur la mortalité, intervenir dans l’urgence quand des épidémies menacent des populations entières, si on ne prend pas le problème à la racine, sachant bien que nombre de morts d’enfants sont dues aux conséquences de cette faim permanente, du manque d’eau potable des conditions d’hygiène déplorables : on soigne vainement les conséquences sans se préoccuper assez des causes.
Il ne s’agit pas seulement de construire des bâtiments pour une école. Le fonctionnement, au moment d’une construction, doit être une des préoccupations majeures : enseignement, activités, cantine. Ce n’est pas souvent pris en compte.
Les écoles fonctionnent, mais le nombre de jours de cantine a été réduit faute de moyens. A l’école Massawist, 240 élèves, la directrice ne peut terminer la construction commencée, faute de crédits, la cantine fonctionne bien, mais avec un turn-over, faute de fonds, les élèves ont deux nouvelles salles de classe, mais couverte d’une bâche. A l’école Fraternité, à Cité Soleil, les 160 enfants bénéficient d’un enseignement de meilleure qualité, avec des cours de musique, et l’école accueille le soir des lycéens qui y trouvent un asile pour travailler ensemble. Le camp de vacances aura lieu cette année.
Les enfants des écoles bénéficient de très bonnes conditions d’hygiène, importantes dans ce pays où le choléra réapparaît à chaque saison des pluies et où les diarrhées sont une des premières causes de mortalité.

¤ L’agriculture.
C’est un domaine où de nombreuses familles peuvent sortir de la misère tout en retrouvant une activité. Depuis longtemps, nous défendons l’idée que l’agriculture d’Haïti est le facteur clé du futur développement du pays. Les subventions et dons, parfois énormes, octroyés aux organismes importants, ont été considérés comme affectés à l’urgence, et, en post urgence, à la reconstruction. Le vrai problème du développement du pays, c’est-à-dire sa capacité à renaître à travers ses activités économiques, sociales et culturelles est passé au second plan. Les efforts de décentralisation et de développement des zones rurales ne sont toujours pas considérés avec assez de sérieux. Pourtant, avec nos très petits moyens, nous faisons la preuve que ce secteur mérite d’être considéré comme un secteur clé. Il s’agit d’une aide à la sécurité alimentaire. La faim est présente et c’est la même paupérisation dans les secteurs ruraux que dans les villes.
Les projets agricoles avancent bien et, avant tout, les bénéficiaires s’acheminent lentement vers une autonomie totale, ce qui est notre objectif principal : A Verrettes, les paysans sont autonomes et peuvent vivre de mieux en mieux du produit de leur travail sur leurs terres et avec leur nouvelle pépinière. A Mirault, ils ont pu louer plus de terre et notre aide sera la dernière, ils devront à partir de 2014 payer les locations, financer l’amortissement du matériel etc. ceci correspond à nos objectifs….mais est loin d’être aisé à atteindre. A Savane Laboue, le forage a été effectué avec succès et les 200 familles impliquées bénéficient d’une eau potable et de la possibilité d’irriguer 6 hectares de terres qu’ils sont en train de mettre en valeur, avec l’aide d’un ingénieur et d’un technicien agricole. Les paysans les plus pauvres d’Haïti, ne reçoivent pratiquement jamais une aide directe, qui leur permette de participer pleinement à un projet, de prendre des décisions et des responsabilités, pour devenir à moyen terme autonomes. Ces réussites confortent notre certitude que le monde rural est le premier espoir de développement du pays. Le contexte est difficile : effets des ajustements structurels, pression des grands pays dominateurs, organisation balbutiante des structures étatiques, envahissement du pays par les produits d’importation de mauvaises qualité, catastrophes…

¤ La santé
Quelques aides continuent pour les dispensaires partenaires, qui souvent n’ont rien pour fonctionner, malgré la compétence et le dévouement des personnels haïtiens sur place. Nous continuons notre aide au fonctionnement aux trois dispensaires partenaires, en matériel médical, médicaments, produits d’hygiène et matériel de prévention. Le dernier container contenait médicaments et matériel médical.
Cependant, des dispensaires tout neufs ont été construits, avec l’aide d’états étranger. Certains apportent la gratuité totale comme à Cayes Jacmel ? Sans subventions importantes ils ne pourraient fonctionner. Mais il est désormais interdit de collecter des médicaments : trop d’abus et des lobbies qui veillent. Les pays pauvres sont aussi des marchés que les rapaces ne veulent pas perdre.

¤ Les parrainages.
A eux seuls ils représentent, pour leur gestion, de longues heures de travail, avec les aides ponctuelles, les maisons d’accueil, les micro-crédits, cela fait beaucoup de secteurs d’activités qu’il faut gérer au quotidien. Dans la situation où se trouvent de très nombreuses familles, des femmes seules avec beaucoup d’enfants très souvent, les parrainages sont essentiels. La tendance actuelle, pour de nombreuses associations, est le parrainage-action. L’argent collecté sert entièrement à des projets, sans que des familles parrainées soient expressément désignées. Malgré certaines remarques, nous continuons à penser que les parrainages nominaux, dans lesquels les parrains et marraines correspondent avec des familles, avec une partie consacrée à l’écolage, au fonctionnement de l’école et aux activités culturelles, apportent plus. Il permet de suivre, sur le long terme, des enfants et leur famille, que nous connaissons bien, de s’enquérir de leurs problèmes quotidiens et de les aider à retrouver une situation sociale, avec un projet de vie. Beaucoup de parrains nous ont aidés dans ce sens. Le partage se fait dans la mesure où une partie des fonds alimente les cantines dont tous les enfants profitent, y compris ceux qui ne sont pas parrainés.
Certains parrains aident personnellement des familles, aide d’urgence pour les situations difficiles ou aide au relogement et cela représentent un gros sacrifice pour eux. Nous le savons et nous les en remercions.

¤ Les micro-crédits, sans intérêts, sont associés à des projets des bénéficiaires – exclusivement des femmes en situation de détresse, avec leurs nombreux enfants - pour leur permettre d’initier des activités génératrices de revenus. Nous persistons à dire que cette population totalement déshéritée ne peut payer les intérêts généralement pratiqués, qui sont à notre sens usuraires. Même s’il y a des raisons de les pratiquer (risques, frais d’organisation, inflation…et nécessité de faire des bénéfices) nous n’adhérons pas à ces systèmes et à leurs nombreuses dérives. De plus en plus, nous nous orientons vers des prêts de matériel ou des aides pour monter une activité, ce qui nous permet de suivre durant plusieurs années l’évolution des projets.
60% environ des femmes qui ont bénéficié d’un micro-crédit peuvent être considérées comme sorties d’affaire. Les autres ont fait des erreurs ou n’ont pas eu de chance. Les commerces qu’elles avaient imaginé n’étaient pas assez rentables, ou elles ont eu des problèmes imprévus ( maladies, enterrements, sècheresse pour celles qui avaient des jardins, maladies dans les petits élevages etc). Elles ont peu à peu dépensé les bénéfices et ne peuvent plus investir assez. Pour celles-là, nous ne pouvons pas décemment demander un remboursement, mais nous ne pouvons pas non plus renouveler les crédits. Par mesure d’équité, nous envisageons de transformer tous les mico-crédits en aide simple et de ne plus demander de remboursement.

Echanges avec d’autres organismes.
La situation de notre association, qui n’est pas une toute petite structure avec un ou deux projets, comme il en existe tant, (elles ont leurs raisons d’exister et apportent beaucoup) n’est pas non plus celle d’une grande ONG avec ses personnels rémunérés, ses experts, ses collecteurs de fonds etc. Nous restons tous bénévoles. Nos donateurs sont des personnes conscientes de la gravité de la situation des enfants. Nous ne désirons pas devenir une grosse structure, mais peu à peu, au fil des années, tout en respectant nos convictions et nos valeurs, nous sommes devenus une association qui compte, à son échelle, parmi celles qui travaillent en Haïti, et de nombreuses autres associations font appel à nous, comme référence (non que nos projets réussissent toujours totalement, mais pour les idées et principes que nous défendons) ou pour des échanges de services. Projets à réaliser sur place, envois de containers, supervision de petits projets, construction pour celles qui n’ont pas les outils ou les personnels sur place pour les réaliser… Cette situation implique des conséquences : nous ne pouvons prétendre à de gros projets qui impliquent trop de dépenses non productives, nous devons cependant collecter des fonds qui permettent de mener à bien nos réalisations sur le terrain, qui dépassent les petites aides ponctuelles. En particulier les constructions et le développement agricole auquel nous croyons.
Notre objectif est toujours de collaborer avec d’autres organismes sur le terrain, pour mutualiser nos compétences, nos connaissances et notre capacité d’agir sur le terrain. C’est pourquoi nous collaborons avec d’autres petites associations avec plaisir. Nos efforts vont dans le sens de la concrétisation, voire institutionnalisation de ces partenariats, qui permettent la mutualisation des moyens, des compétences et des informations, si nécessaires pour des interventions efficaces.

Le contexte actuel.
Haïti change, c’est certain et visible. C’est un pays en paix, bien que toujours toute relative. Les forces internationales sont toujours là et l’on se demande bien ce qu’il adviendrait si elles partaient, au niveau de la sécurité…Les gens mettent tout sur le dos de la Minustah, considérée comme une force occupante. Beaucoup veulent de nouveau une armée…Le nationaliste est souvent exacerbé, et les rumeurs vont bon train. Cependant Haïti est dans les faits un pays sous tutelle de l’Amérique. Les grandes infrastructures routières sont très nettement améliorées. Des lycées, des dispensaires sont construits. Mais surtout, tous les lieux qui intéressent les grandes nations ; les banques, les établissements de commerce international, et tout ce qui arrange le grand voisin.
Cependant, le contexte actuel est difficile : tant de catastrophes se produisent dans le monde, qu’Haïti, un si petit pays, est un peu oublié, n’étant plus dans l’actualité immédiate. Les médias se nourrissent de l’immédiateté. Les donateurs se font rares, les subventions sont difficiles à obtenir, à cause de la crise et du désengagement progressif des grandes associations dans ce pays. Il est difficile de trouver des financements pour « réparer les dégâts » : des réalisations qui se dégradent, des citernes non connectées aux toilettes, des écoles sans locaux pour la cantine, des canalisations qui n’apportent plus l’eau…
Les bailleurs ont, d’autre part, du mal à considérer la situation actuelle comme une urgence, la reconstruction bat de l’aile, les pauvres n’ont rien vu des aides internationales, et les enfants ont toujours faim : de très nombreuses familles vivent encore dans des conditions misérables sous des abris précaires. Pourtant, les marraines et parrains, dont l’aide est si précieuse pour les enfants, ont pour la plupart poursuivi leur aide et des dons se sont renouvelés. Nous leur communiquons nos chaleureux remerciements de la part des enfants. Certains ne peuvent plus, leur situation ne le permettant plus et nous les comprenons.
Malgré quelques déboires, avec des erreurs et des doutes parfois, mais aussi quelques retards dans constitutions de projets ou informations pour les bilans, nous avons cette année de nombreux motifs de satisfaction. Il y a beaucoup de travail sur le terrain, et il faudrait une personne en permanence. Nous avions envisagé, avec plusieurs autres associations, d’envoyer un volontaire en Haïti pour superviser les projets, apporter une assistance dans les suivis, collecter les informations autour des projets nouveaux. Certains bilans doivent être faits plus rapidement, les contacts avec les bénéficiaires des projets doivent être plus fréquents, le suivi financier sur le terrain plus rigoureux. Hélas, cela revient cher par rapports à nos budgets et n’est pour l’instant plus envisagé. Envoyer un jeune pour quelques mois ne serait pas utile : le pays est difficile et il faut bien le connaître.

Les maisons d’accueil.
¤ La Maison d’accueil de Pernier est aussi l’une de nos grandes satisfactions. Les familles ( femmes seules avec enfants dont beaucoup sont handicapés) y semblent plus heureuses et bénéficient de séances d’alphabétisation et de nombreuses autres petites aides qui leur permettent, avec leurs activités, de vivre décemment et de reprendre espoir. Rien n’est facile. Les traumatismes du séisme, qui a fait des morts et des handicapés dans presque toutes les familles, sont bien plus difficiles à atténuer que nous pouvions le penser. La Maison de Meyotte peut recevoir des visiteurs.
Au moment de faire le choix de construire du provisoire pour ces familles, ou de louer une grande maison pour les accueillir, nous avons choisi la seconde option : nous ne le regrettons pas. L’investissement est beaucoup moins lourd, les conditions d’accueil sont incomparables, les familles peuvent être suivies. Certaines déjà envisagent l’avenir en imaginant leur départ, dans quelques années, avec une modeste construction réalisée petit à petit avec leurs économies…et une aide de l’association. Certes on ne pouvait pas louer pour loger les centaines de milliers d’habitants jetés dans la rue par le tremblement de terre, mais cette option, à notre connaissance, n’a presque jamais été envisagée par les grandes associations. Il y avait aussi l’option de construire des logements décents, en dur, et d’y abriter durant 5 ou 6 ans des familles. Ceci aurait donné le temps d’envisager l’avenir en se donnant le temps d’étudier tranquillement les besoins, les possibilités des bénéficiaires. Le problème de l’urgence…et des « urgentistes » est évidemment le temps. Les fonds sont alloués pour une période qui interdit d’agir longtemps et d’affecter des fonds sur la durée. Au moment du relais avec les organismes qui restent…il n’y a plus de fonds.
Lors de leur voyage avec Gérard, au début de l’année 2012, plusieurs visiteurs ont pu se rendre compte du travail réalisé sur place.
Notre site, en totale reconstruction, grâce au président de la fédération, Christian Bréban, rend compte en détails des activités de chaque secteur. Alain et Blandine , du Secours Populaire Français, qui nous ont apporté une aide financière, précieuse, pour l’agriculture et la Maison d’accueil de Pernier, des journalistes, Laetitia et Sandrine, membres de l’Association Enfants-Soleil Alpes Provence ont fait le voyage. La Région Ile de France, la fondation « Agir sa Vie », la Guilde Européenne du Raid, le Conseil régional de Bourgogne, le Conseil Général de Côte d’Or, la Mairie de Dijon nous ont aidés dans le financement de divers projets qui sont aujourd’hui réalisés.
Plusieurs petites constructions, décidées en 2012, sont soit totalement terminées, soit en fin de réalisation au moment où notre Assemblée générale est réunie, elles ont changé la vie de familles qui n’espéraient plus. D’autres sont espérées, mais il faudra encore batailler pour trouver des financements.

Notre site.
Nous sommes heureux de le mettre à la disposition des lecteurs, la nouvelle version est plus claire et plus facile d’accès. Le site est géré par Christian Bréban, Président.
En France, notre association bénéficie d’une bonne réputation, due aux réalisations assez bien réussies sur le terrain, mais aussi à l’information complète et détaillée sur chaque projet, que nous illustrons sur notre site. Les pages de bilans permettent aux visiteurs de suivre chaque projet dans la transparence, comme s’ils étaient sur place. C’est là aussi l’un de nos objectifs : tenir nos adhérents et les nombreux visiteurs qui s’intéressent à notre association et à notre travail, informés de ce que devient l’argent qui nous est confié.
Nous ne nous considérons pas comme autre chose que d’humbles intermédiaires entre les financeurs et les bénéficiaires. D’autre part notre site n’est pas seulement un bilan de nos actions, mais propose aussi des rubriques « Idées et informations », « Livres autour d’Haïti » et beaucoup d’articles propres à éveiller ou alimenter une réflexion sur le monde, l’aide internationale et cette misère qu’on n’en finit pas de vouloir éradiquer…
Nous n’avons pas pour objectif de faire croire que tout va toujours bien. Les problèmes, surtout dans un pays aussi désorganisé et imprévisible qu’Haïti, sont quasi quotidiens. Ni les parrains, ni les donateurs ne demandent que leur soit présentée une image idyllique des choses. Il s’agit de choses humaines, et nous ne prétendons pas refaire le monde…même si nous en rêvons parfois… Si nous étions plus nombreux à être persuadés que quelque chose de cette nature est possible, le rêve alors, aurait quelque chance de devenir réalité. Pour cela, nous ne voulons pas nous enfermer dans la bienfaisance, qui donne bonne conscience et souvent seulement cela. Nous ne désirons pas non plus être un organisme entièrement dédié à l’efficacité et seulement préoccupé de technicité. Si cet aspect est incontournable, il ne peut exister sans la préoccupation essentielle de l’avenir de la planète et de ses habitants, qui ne peut être le pré carré des grands de ce monde, qui compte tant de dictateurs et de prédateurs.
Si les interventions, les conférences, les expositions sont toujours aussi nombreuses, elles permettent de diffuser de l’information et des idées ; cependant, elles rapportent moins. Nous sommes victimes de la crise qui implique parfois un repli sur soi-même, et de l’oubli, qui met Haïti loin de l’actualité. Pourtant, la misère est toujours présente avec son cortège de souffrances pour les plus démunis et d’abord pour les enfants. Dans ce monde en plein bouleversement, on ne pense plus guère à la solidarité et aux pays les plus pauvres, comme si nous étions les seuls à souffrir de la crise….souffrance toute relative parfois, au regard de ce que nous voyons lors de chaque voyage.
Mais si nous devions nous décourager, ce serait déjà fait. Le peuple haïtien ne se décourage pas, et ce que nous pouvons, vous et nous, leur apporter, est en même temps une nécessité, un devoir d’êtres humains et un vrai bonheur de partager.
Nous n’avons pas l’habitude de nous mettre en avant, mais 15 ans, c’est quelque chose ! Mais le travail accompli par tous ceux qui donnent bénévolement tant de leur temps doit être noté : Annie, toujours la référence pour tout, mémoire et moteur de l’association depuis son tout début, Michel qui est toujours présent en cas de besoin, tous deux co-fondateurs et toute l’équipe de Bourgogne, Christian sans qui le site n’existerait pas, Président de la fédération depuis sa création, Gérard qui fait la liaison avec le terrain, Janine qui surveille les comptes, Laetitia et Sandrine qui mènent de front leur métier, leur activité professionnelle, celle de pompiers volontaires et les activités d’Enfants-Soleil Alpes Provence, et beaucoup d’autres qui apportent leur concours avec enthousiasme. Certains parrains ont mis en route des actions et des collectes qui ont permis des constructions, des aides d’urgence ou des micro-crédits pour des familles.
Nous n’oublions pas, bien sûr, la contribution essentielle des membres Haïtiens (Association Enfants-Soleil Haïti) : le coordinateur, docteur Joseph Ostene, les membres actifs sur place et les nombreux membres des comités de développement en agriculture, pisciculture, les directeurs et professeurs des écoles, les responsables des dispensaires partenaires. Les bénéficiaires sont de plus en plus impliqués étroitement dans les projets : de la conception au suivi, en passant, évidemment, par la réalisation ; et ceux qui animent ces comités se contentent bien souvent de la satisfaction de les voir réussir…

Merci à tous ceux qui donnent leur argent, leur temps, leur bienveillance. Merci à ceux qui partagent notre espoir et le courage, indéfectible, des oubliés de ce peuple.
Christian Bréban : Président