Les oubliés d’Haïti

par christian

Les oubliés d’Haïti.
La situation d’urgence, en Haïti, est terminée depuis longtemps. Mais qu’est-ce que l’urgence ?
Pour les associations qui restent, confrontées à la détresse des familles, l’urgence est encore d’actualité, plus que jamais. Ces familles, qui sollicitent une main tendue, vivent depuis trois ans et demi dans la misère, la faim, l’insécurité.
Voici l’une d’entre elles . Madame Saintluce et ses enfants que nous avons le projet d’aider en 2014.

Dans ce quartier de Port au Prince qu’on appelle Mariani, un bidonville comme il y en a tant, se sont réfugiés de nombreuses familles et détresse, qui n’ont rien reçu de l’aide humanitaire. Ce sont le plus souvent des femmes seules avec des enfants. Courageuses, mais peu instruites et très vulnérables, sans autre activité que leurs petits commerces dans la rue, qui prennent toute la journée.


Le plus souvent, c’est grâce à ces petits commerces que les mères parviennent à donner un peu de nourriture à leurs enfants. L’école ? Ils y vont quand la mère peut payer, et ce n’est pas souvent. Ils vivent sous des toiles et quelques tôles, arrangées avec quelques morceaux de bois trouvés ici et là.
C’est toujours une situation de grande vulnérabilité : le mois dernier, pendant que la mère était au travail pour son petit marché, tout a été volé dans la maison, et la famille se retrouve complètement démunie, sans même une casserole pour faire cuire un peu de riz.
Dans cette famille, il y a la maman, seule. Elle a 26 ans. (le père, 52 ans, qui venait de temps en temps, avant le séisme, il était violent et les enfants et sa femme étaient les victimes de ces violences. Il prenait le peu d’argent que la mère avait gagné, avant de disparaître à nouveau.) depuis le séisme, il a complètement disparu, il est peut-être mort.)
Il y a la plus petite : Ansise Gustave, 4 ans, elle est née le 9 Août 2009 et elle est ( ou devrait être) en 2ème année kindergarten. Maxime Saintlus, 12 ans, qui va à l’école grâce à l’association. Starlina 16 ans. Lidrude 19 ans. Tous deux ont beaucoup de mal à aller à l’école. 5 bouches à nourrir. Aucune possibilité de se soigner si l’un est malade, aucune possibilité de trouver de l’eau potable.

Notre association connaît cette famille depuis plus de 10 ans, et a apporté de nombreuses aides ponctuelles. Maxime était à l’école de Sacré Coeur, mais la direction l’a renvoyé pour non-paiement des mensualités. Il a changé d’école et nous avons financé ses études. Le micro crédit octroyé en 2011, a été utilisé pour assurer le minimum aux enfants, et n’a pas permis à la mère de conserver le capital pour son petit commerce. Le fait de ne pas avoir de logement sûr a pour conséquence que régulièrement ses stocks sont volés.
Quand il pleut, tout est mouillé et la famille passe la nuit debout. Au matin il faut faire sécher les quelques objets qui constituent la seule possession de la famille, et l’unique matelas.Trois places sur le matelas, les autres dorment par terre. Ni les tôles de récupération, ni les bâches en lambeaux ne peuvent les protéger.
L’intérieur de la maison donne une idée des conditions de vie des enfants et de leur mère. L’angoisse est quotidienne : survivre avec un peu de riz ou de maïs chaque jour, mais aussi protéger les enfants contre la violence des bidonvilles.

Voici l’intérieur de la cabane au moment où il y avait encore quelques meubles. Tout a été volé depuis. Il n’y a évidemment ni électricité, ni eau, ni toilettes.
Sur ce petit terrain de 25 mètres sur 50, il est possible de bâtir une petite maison pour cette famille.
Notre association a déjà construit de nombreuses maisons, pour des familles en situation de grande détresse. Nous recherchons des fonds pour l’inclure dans l’un de nos programmes. Une habitation en dur, solide, de 26 m² revient à 5000 €, grâce à nos équipes de maçons et à l’entraide.
Nous devons aider cette famille dans son combat de chaque instant pour survivre. Les oubliés d’Haïti comptent sur les associations qui restent sur place. Ce n’est pas facile, la générosité des gens va toujours aux catastrophes qui font la Une des médias. Cette générosité est grande, nous le savons et remercions toutes les personnes qui n’oublient pas ce pays. Chaque situation est un drame et nos petits moyens ne nous permettent que d’agir au coup par coup. Mais nous sommes persuadés que notre travail, auprès des plus pauvres, reste indispensable.